Le rappeur Rohff condamné en appel et écroué après les violences dans la boutique de Booba
La cour d'appel de Paris a confirmé la condamnation à cinq ans de prison du rappeur Rohff pour des violences aggravées commises en 2014 dans la boutique parisienne de son rival Booba.
Ce jeudi 6 juin, le rappeur Rohff a été condamné en appel à cinq ans de prison pour les violences commises en 2014 dans une boutique parisienne appartenant à son rival Booba. Il a été écroué. La cour d'appel de Paris a en effet ordonné son incarcération immédiate.
L'interprète de Qui est l'exemple ? avait été condamné à cette même peine en première instance, en octobre 2017, mais n'avait alors pas été écroué et avait fait appel. "Vous devez gagner la maison d'arrêt", lui a annoncé ce jeudi la présidente de la cour d'appel. Arrivé casquette sur la tête et veste bleue sur les épaules, le rappeur de 41 ans, de son vrai nom Housni Mkouboi, est reparti menotté, encadré par des gendarmes. Son avocate, Malika Ibazatene, s'est refusée à tout commentaire à l'issue de l'audience.
Le rappeur avait été condamné il y a un an et demi pour avoir violemment agressé, en groupe, deux vendeurs de la boutique parisienne de son rival Booba en avril 2014. Dans leur décision du 27 octobre 2017, confirmée jeudi par la cour, les premiers juges avaient dénoncé une "action collective préméditée d'une grande violence, sans autre mobile établi qu'une démonstration de force" dans le cadre d'une "rivalité" entre rappeurs.
Une violente bagarre
Le 21 avril 2014, Rohff était entré accompagné de plusieurs hommesdans le magasin Ünkut, boutique "officielle" de la marque de vêtements fondée par le rappeur Booba, située dans le quartier parisien de Châtelet.
Dans un bref déchaînement de violence dont les images, captées par des caméras de vidéosurveillance, avaient été diffusées à l'audience, le groupe avait roué de coups un jeune vendeur en l'abandonnant dans un état critique. Les agresseurs avaient également assommé un autre employé avec une caisse enregistreuse et détérioré la boutique.
Rohff s'était présenté lui-même à la police quelques heures plus tard. Il avait alors été placé en garde à vue. Il avait reconnu avoir frappé le vendeur de la boutique et avait été mis en examen. Après deux mois en détention provisoire, une caution lui avait permis de sortir. Il avait passé plusieurs mois sous bracelet électronique.
Rohff, rap et dérapages
Cette attaque d'un magasin avait marqué une étape importante dans l'opposition entre Rohff et Booba. Les deux artistes s'étaient cantonnés jusque-là à des mots et des attitudes provocatrices. Ce n'est pas le premier dérapage de Rohff. Il a plusieurs fois eu à faire face à la justice dans les années 2000.
Rohff est né en 1977. Il est originaire des Comores mais a été élevé à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Les experts les considère comme l'un des plus grands rappeurs de sa génération. Il a vendu 1,4 millions d'albums. Le premier, Le Code de l'Honneur, sorti en 1999, fait figure de classique dans le monde du rap.
LES FAITS
Avril 2014. Booba dévoile le clip de Une Vie. Un clip tourné au Costa Rica et rapidement détourné par un internaute, mixant les images du clip avec la voix off d'une publicité pour les gels douche Ushuaïa. Rohff publie la parodie sur son compte Instagram. "Trop de nature tue la nature", "fleur de diarrhée", écrit-il sous la vidéo. La provocation de trop pour Booba. Sur Instagram, le duc de Boulogne réplique : "Il est où le gangster qui règle pas ses comptes sur le net ? Trouves moi (sic) à Paname sale pédale j’suis pas l’pao tu vas voir !".
Une expédition punitive ?
Le lendemain, le 21 avril, Rohff, accompagné de plusieurs hommes, se rend dans le magasin Ünkut, boutique "officielle" de la marque de vêtements fondée par Booba, située dans le quartier de Châtelet, à Paris. Le groupe roue de coups un jeune vendeur, l'abandonne dans un état critique, assomme un autre employé avec une caisse enregistreuse et détériore la boutique.
"J'ai vu rouge, j'ai cédé à la colère", avait admis à la barre le rappeur en 2017, sans parvenir à expliquer clairement les raisons de son geste. Alors que l'accusation soupçonne, sans pouvoir le prouver, une expédition punitive préméditée, le rappeur avait soutenu qu'il avait pénétré sur un coup de tête dans la boutique de son ennemi juré, suivi par de jeunes fans qui l'avaient reconnu dans la rue.
En revisionnant les vidéos, j'ai eu mal pour lui
Il était alors entré dans le magasin, avait-il expliqué, "pour montrer que j'avais pas peur" et demander les coordonnées du gérant afin que celui-ci "organise un rendez-vous" avec son rival, pour apaiser leurs "querelles". Il avait assuré avoir ensuite "vu rouge" en entendant le surnom du jeune vendeur, "Papy", le même que celui d'un fan de Booba qui le "provoquait" sur Twitter. Le vendeur avait démenti s'être présenté et avoir alpagué l'artiste sur internet. "En revisionnant les vidéos, j'ai eu mal pour lui", avait concédé le rappeur.
Rohff s'était présenté à la police quelques heures plus tard. Il avait passé deux mois en détention provisoire puis plusieurs mois avec un bracelet électronique. Le procureur avait en revanche demandé la relaxe de son garde du corps "officieux" de l'époque, également jugé, en raison d'"incertitudes" quant à sa présence sur les lieux.