Franz Beckenbauer, légende du football, est mort à 78 ans

L'un des immenses talents du football nous quitte. Franz Beckenbauer, ancien défenseur et champion du monde avec l'Allemagne en 1974, nous a quittés dimanche à l'âge de 78 ans, selon l'annonce de sa famille à l'agence de presse DPA.

D'une blancheur éclatante, aussi droit qu'un I, Franz Beckenbauer a gravé son nom dans la légende lors d'une journée torride de juin 1970, en demi-finale de la Coupe du Monde opposant la RFA à l'Italie. Malgré une clavicule cassée suite à un choc, le bras en écharpe, il s'est transformé en "Deutsch Held" (le héros allemand).

Au stade Azteca de Mexico, devant 102 000 spectateurs, il a serré les dents pendant 50 minutes, même si les deux remplacements avaient déjà été effectués, suscitant l'admiration générale. La RFA a été vaincue 4-3 après prolongation par Gianni Rivera et son équipe, mais la détermination et la volonté d'un joueur de 24 ans, en pleine deuxième Coupe du Monde (après avoir été finaliste malheureux en 1966 contre les Anglais lors d'un match marqué par le but "fantôme" de Geoff Hurst), resteront à jamais gravées dans les mémoires. Depuis quelques mois déjà, il portait le surnom de "kaiser", attribué lors d'une photo prise lors d'un match amical à Vienne, à côté d'un buste de l'Empereur François-Joseph.

Franz Beckenbauer, avec sa posture altière, sa maîtrise impeccable du ballon et sa tenue irréprochable, a imposé une vision distinctive du jeu. Son style sobre, d'une redoutable efficacité, était prêt à écraser sans hésiter les romantiques tels que Johan Cruyff ou l'équipe des Verts de Saint-Étienne. Accumulant les titres en tant que joueur, réussissant en tant que sélectionneur, et recherché en tant que consultant, Franz Beckenbauer s'était, ces dernières années, retiré de la scène publique en raison de problèmes de santé. Il s'est éteint à l'âge de 78 ans.

Né dans le quartier ouvrier de Giesing à Munich en ruines en 1945, Franz Beckenbauer, fils d'un secrétaire général des postes, fait ses premiers pas sur le terrain sous les couleurs de Munich 1860, inspiré par son idole Fritz Walter. Initialement attaquant, une altercation lors d'un tournoi de jeunes le pousse à rejoindre le Bayern Munich, encore dans l'ombre et non présent en Bundesliga à l'époque. La légende tient parfois à un fil. À l'âge de 18 ans, il intègre l'équipe première, séduisant après seulement six matchs la sélection nationale. Évoluant d'abord au milieu de terrain, puis en tant que libéro, il devient l'emblème d'un club et d'un football victorieux qui brille sur tous les terrains.

Avec des coéquipiers tels que Sepp Maier, Gerd Müller, Paul Breitner, Uli Hoeness, Hans-Georg Schwarzenbeck et Hans-Josef Kapellmann, Beckenbauer construit une dynastie, remportant trois Coupes d'Europe des clubs champions et quatre titres de champion d'Allemagne en six ans. Cette réussite culmine avec la victoire de la Coupe du monde en 1974 à Munich, où Beckenbauer devient le symbole de cette époque. Révolutionnant le poste de libéro, il remporte deux Ballons d'Or (1972, 1976), marquant son empreinte dans l'histoire du football.

Beckenbauer étend ensuite son influence en dehors de l'Europe en rejoignant Pelé au Cosmos New York à la fin des années 1970, participant ainsi à l'essor du soccer aux États-Unis. Sa carrière de joueur se termine en Allemagne à Hambourg, suivie d'une dernière pige à New York en 1983. Il n'abandonne pas pour autant le football, devenant entraîneur avec la même distinction et remportant la Coupe du monde en 1990 en tant que sélectionneur.

Ses réalisations en tant que joueur et entraîneur font de lui l'une des rares personnalités à avoir remporté la Coupe du monde dans les deux rôles. Surnommé "l'empereur" par Kicker, Beckenbauer continue à marquer le monde du football en tant que président du Bayern Munich et du comité d'organisation de la Coupe du monde 2006. Cependant, des ennuis de santé, dont des opérations cardiaques, un glaucome et une prothèse de hanche, le contraignent à ralentir progressivement ses activités et à s'éloigner des terrains. Le 8 janvier 2024, un documentaire révèle que Beckenbauer ne se sent pas bien, signalant la fin d'une époque pour le football allemand.