Mort de Mark E. Smith, tête de lard du punk anglais

Le leader et seul membre permanent du groupe The Fall, groupe majeur du post-punk britannique, est décédé mercredi matin. Il avait 60 ans. En quarante ans de carrière, il a sorti plus d’une trentaine d’albums. Sans jamais rencontrer le succès commercial, il est devenu une référence pour de nombreux groupes.




C’est presque une surprise quand on connaît sa légendaire (non) hygiène de vie que Mark E. Smith ait atteint l’âge de 60 ans. Le leader et seul membre permanent du groupe britannique The Fall est décédé mercredi à son domicile : « Sa gorge, sa bouche, ses dents et son système respiratoire étaient atteints d’un mal à la fois étrange et rare », précise sa manager Pam Vander.



Étrange et rare, ça colle bien à Mark E. Smith. L’Anglais n’avait pas bonne réputation. Mais il s’en foutait. Avec son visage un peu plus émacié année après année, sa tronche à boire plus souvent des pintes de bière que du thé, il avait la gueule de l’emploi : la tête du lard du punk anglais.

Ajoutez à cela une mauvaise humeur érigée en manière de vivre et un sens de l’humour vachard et vous obtenez le portrait d’un gars qui à tout pour être détesté. Sauf qu’on ne pouvait pas s’empêcher de l’aimer, Mark E. Smith. Pour tous ses défauts mais surtout pour ses chansons, sa discographie incroyablement prolifique : plus d’une trentaine d’albums studios, sans compter ses différentes collaborations, ses albums live.




Un concert des Sex Pistols fondateur

Mark E. Smith est né en 1957 à Salford, banlieue populaire de Manchester. Après un bref passage à l’université, il travaille comme expéditionnaire pour une société d’import-export. En 1976, c’est le choc : les Sex Pistols passent en concert à Manchester.

Dans la salle, tous ceux ou presque qui feront la renommée musicale de Manchester sont là. Steven Morrissey, qui fondera The Smiths, les futurs Joy Division (puis New Order) et donc Mark E. Smith. Fan du Velvet Underground et du rock expérimental des Allemands de Can, Mark E. Smith trouve dans la déflagration punk l’énergie de se lancer.

Il crée The Fall, un nom inspiré par le roman d’Albert Camus, La Chute, en janvier 1977. Car Mark E. Smith aime les livres. Henry Miller, Norman Mailer, Raymond Carver et surtout Louis Ferdinand Céline, l’un des rares Français qui trouvait grâce à ses yeux, lui qui détestait la France (comme il pouvait détester d’ailleurs l’humanité entière).






Voix coassante, guitare hachée

Guitare hachée, rythmique martelée, le son de The Fall se met en place autour de la voix coassante, baignée dans un accent du nord de l’Angleterre, de Mark E. Smith. Un timbre menaçant et bagarreur qui fera sa renommée.

Comme sa proportion incroyable à virer les musiciens qui l’entourent. The Fall aura ainsi connu un nombre incalculable de formations, épuisant une cinquantaine de musiciens, au moins, dont parfois ses compagnes dans la vie. « C’est un peu comme une équipe de foot. De temps à autre, il faut se débarrasser de l’avant-centre », explique Mark E. Smith.

Le personnel varie, le son ne change pas. Un rock abrupt et grinçant. « Toujours la même chose, toujours différent » disait le regretté John Peel, fan indéfectible et plus grand DJ radio que la Grande-Bretagne ait connu.

Un tournant plus pop

Vrai mais pas totalement. Au milieu des années 1980, The Fall prend un tournant légèrement plus pop et accessible et connaît, en 1986, son premier succès commercial avec Mr. Pharmacist, une reprise de The Other Side, un groupe rock garage américain.

Un an plus tôt, le groupe a sorti ce qui reste, peut-être, son meilleur album, en tout cas celui qui capte le mieux son essence, mélange de punk et de sonorités électroniques : This Nation’s Saving Grace.





La force de The Fall résidait aussi dans le propos de son leader. Sarcastique avec les puissants comme avec certains de ses camarades prolétaires, dont l’étroitesse d’esprit l’agaçait plus que tout. Dans les années 1990 et jusqu’à récemment, Mark E. Smith n’a jamais changé son discours tout en continuant de sortir des disques avec régularité.

Contre vents et marées (et renvoi parfois de maisons disques). Sans rien n’enlever ni amener de plus à sa légende. Celle d’un groupe à part du business de la musique, dont le son sans concession aura influencé des groupes aussi différents que Sonic Youth, Pavement ou plus récemment LCD Soundsytem et Gorillaz, avec qui Mark E. Smith a interprété un morceau.

Il y a quelques semaines, Mark E. Smith montait encore sur scène en fauteuil roulant même si ses soucis de santé avaient entraîné plusieurs annulations de concerts. Du moment qu’il était là, The Fall était là : « Quand c’est moi et ta mamie aux bongos, c’est toujours The Fall »,avait-il un jour lancé. Les grands-mères qui nous ont quittés l’attendent pour un grand concert dans l’au-delà.




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